Kindle et DRM

23 October 2011
— fr  — ebook  — epub  — DRM  — amazon 
 

Faut-il acheter un Kindle ?

Ma réponse est simple : non. L’appareil (le Kindle 4 vendu en France) a un excellent rapport qualité prix : son écran est ce qu’il y a de mieux (comme les Sony, Kobo (futur fnacbook), Nook), il n’est pas tactile (comme le Cybook Opus et en général tous les vieux readers) mais il est à un prix imbattable (99€). Mais ce n’est pas l’absence de tactile et de clavier qui fait son plus gros défaut. Son plus gros défaut est qu’il ne lit que les livres achetés chez Amazon ! Achèteriez-vous une voiture pour laquelle vous ne pouvez acheter d’essence chez un seul distributeur ? Un aspirateur pour lequel la grande distribution ne peut vous vendre de sacs de rechange ?

Le Kindle c’est ça : il ne lit pas le format standard que tous les autres livres électroniques lisent et que toutes les librairies en ligne vendent (ePub). Il lit le format amazon (azw) vendu uniquement par amazon, fabriqué exclusivement par amazon. Pire, les livres en question ne sont pas vendus mais loués et peuvent être supprimés sans préavis (ils l’ont déjà fait dans l’affaire 1984), ils ne peuvent être prêtés à des possesseurs d’autres lecteurs et évidemment, si vous voulez changer d’appareils, tous vos achats sont perdus. Oh il y a une application Kindle pour lire ces livres sur iPad ou sous Windows, mais ça ne marche pas sur ma tablette (ni android ni iOS), sur mon e-reader ou sur mon ordinateur (GNU/Linux). Bref, comme les iPad, les Kindles sont des prisons dorées.

Alors heureusement, la commission européenne s’empare du problème de l’interopérabilité (en même temps que de celui de la TVA sur les livres numériques). Mais il sera bientôt trop tard : amazon risque bien de tuer les autres acteurs du libre numérique (constructeurs d’e-readers et libraires mais aussi éditeurs).

Le problème cependant est plus large qu’Amazon : le problème est le verrou numérique (les DRM). Le verrou numérique, c’est ce qui permet à l’éditeur de croire que le lecteur ne pourra pas “pirater” le livre (ici pirater peut être remplacé par prêter). L’éditeur est prêt à payer très cher1 pour cette sécurité (évidemment, cela se répercute dans le prix que paie l’acheteur) alors que le DRM n’empêche nullement le “piratage” (le téléchargement sur les réseaux pair-à-pair) voire même l’augmente. Le verrou numérique, c’est aussi ce qui empêche un lecteur de posséder ses livres. J’ai déjà cité 1984 pour les Kindle, mais il y a pire : Microsoft arrête son service reader en clair, l’unique logiciel ayant le droit de lire les fichiers .lit va disparaître, ne fonctionnera pas sur les ordinateurs du futur, les livres seront illisibles !

Conclusion : Je boycotte les libraires (Amazon, Barnes & Noble, Apple) et les éditeurs (Actes Sud, Belfond, Gallimard, … voir la liste noire) vendant des livres verrouillés. Il reste de bons appareils (Bookeen, iRiver, Kobo, Pocketbook, Sony) et de bonnes librairies.

  1. 70000$ pour les DRMs d’Adobe d’après François Bon